Adopter un anthropologue

Cet article vise à expliquer en quoi consiste mon approche anthropologique au travers de sa méthode et sa façon d’analyser les phénomènes culturels.

En tant qu’anthropologue (bien que le titre soit souvent réservé aux doctorants), je porte un regard particulier sur la culture qui est en fait mon objet de prédilection. La culture est quelque chose de très large et de difficile à saisir : on parle surtout d’un ensemble de pratiques, de croyances et de connaissances qui sont partagées par un ensemble d’individus. Pour en rendre compte, mon approche se démarque par sa méthode qualitative afin de rendre compte des différents phénomènes culturels, mais aussi par son analyse, qui s’avère sensible aux individus et à leur réalité.

L’anthropologie nord-américaine se divise en quatre sous-disciplines : l’archéologie, l’ethnolinguistique, la bio-anthropologie et l’ethnologie. Chacune étudie l’Homme selon sa propre perspective; je me suis spécialisé en ethnologie, champ qui étudie la culture de groupes humains en affectionnant tout particulièrement le terrain ethnographique. Ce dernier consiste en un séjour prolongé dans un groupe de façon à s’immerger pour mieux connaître la culture des individus qui le constitue.

J’étudie les phénomènes culturels de façon qualitative, ce qui veut dire que j’utilise des méthodes qui tentent de comprendre une réalité socioculturelle en profondeur, moins qu’en largeur, ce qui revient plutôt à étudier des tendances. Étudier en profondeur un phénomène a  pour avantage de cerner des aspects qui sont souvent mis de côté par une approche quantitative pour la simple et bonne raison que leurs outils ne sont pas adaptés pour en rendre compte.

Les méthodes que je privilégie sont :

-L’observation participante : Bien qu’elle peut sembler triviale aux premiers abords, cette méthode s’avère être un puissant outil de collecte. Réalisée de façon systématique, elle permet de rendre compte d’un milieu social donné avec minutie en s’immergeant dans la réalité des gens auxquels on s’intéresse. (Pour en apprendre plus : http://ypineault.com/obs.html)

-L’entrevue ethnographique : Cette façon de mener l’entrevue se différencie par son approche moins formelle de l’entrevue. Les entrevues sont souvent plus longues et donnent une plus grande marge de manœuvre aux informateurs de par la façon de faire plus inductive du chercheur. (Voir un précédent article que j’ai écrit sur le positionnement de l’intervieweur)

La méthode dite «ethnographique» est de plus en plus utilisée en marketing, mais on ne saurait limiter l’ethnologie à sa méthode. L’approche est tout aussi importante et mènera nécessairement à des résultats différents puisque c’est avant tout une façon de voir le monde (social et culturel).

Les approches analytiques/philosophiques utilisées :

-Phénoménologique : La phénoménologie tente de comprendre les phénomènes tels qu’ils se présentent et la conscience qu’en ont les acteurs. La théorisation est donc temporairement mise de côté (de même que les appréhensions) pour comprendre le sens que font les gens du monde qui les entourent. Par la suite, le chercheur dresse un portrait des différentes réalités pour en comprendre, autant que possible, la réalité telle qu’elle est vécue.

-Herméneute : Cette approche s’intéresse à la rencontre des différentes subjectivités et ce qui en découle. Contrairement à la phénoménologie, elle met accent sur les anticipations et la façon dont elles se heurtent pour créer un sens qui est celui de la rencontre. Les mots clés sont l’interprétation et la compréhension : si au sens traditionnel on croit que l’interprétation précède la compréhension, l’herméneutique croit que l’interprétation se base avant tout sur la compréhension inhérente de l’individu.

-Constructiviste : C’est la notion du construit, l’idée selon laquelle la réalité ne se présente pas d’elle-même, mais qu’elle est vue par quelqu’un d’une manière particulière. Cette prémisse épistémologique a des répercussions importantes faisant en sorte que concrètement, on aura tendance à s’intéresser aux perceptions et à la façon dont on conçoit un phénomène plutôt qu’à sa réalité inhérente.

Concrètement, embaucher un anthropologue comporte donc de nombreux avantages. Son expertise permet de mieux connaître une population et ses habitudes culturelles puisque :

-Il s’intéresse au sens profond des pratiques individuelles et collectives, ce qui permet de mieux cerner ce que les personnes recherchent au-delà des tendances qu’on saurait associer à des effets de modes;

-Son point de vue en est un qui sait se détacher des idées reçues pour comprendre une réalité sociale telle qu’elle se manifeste dans le présent;

-Il considère les différentes façons de voir un phénomène et c’est pourquoi il peut être un intermédiaire intéressant entre la culture et le milieu de production;

-Il sait rendre compte de phénomènes complexes par l’écrit, support qu’il maîtrise afin de rendre intelligible compréhensibles.

Cela dit, voulez-vous adopter un anthropologue? 🙂

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